Par Elsa Faucillon, députée GDR des Hauts-de-Seine, membre du CA de l’ONED
Depuis quelques jours, l’œuvre L’arbre aux mille voix de Daniel Hourdé, installée dans la cour du Palais-Bourbon, cristallise les attaques de l’extrême droite. Anne Sicard, députée RN et figure de l’Institut Iliade – un creuset de l’identitarisme et des théories du « grand remplacement » –, n’a pas attendu son inauguration pour la qualifier d’« abomination culturelle » et d’« art qui n’a d’art que le nom ». Ces propos, relayés par son collègue Eddy Casterman, ne relèvent pas d’une critique esthétique, mais d’un projet politique politique : nier la légitimité de l’art contemporain, symbole d’une société en mouvement, ouverte et plurielle.
Pour l’extrême droite, l’art n’est acceptable que s’il se plie à une vision passéiste et identitaire, voire falsificatrice et au service d’un révisionnisme historique. C’est le patrimoine contre la création artistique. Dans les villes qu’elle dirige, les budgets culturels sont drastiquement réduits, les artistes marginalisés, parfois même des œuvres détruites.
En Hongrie, en Pologne ou en Italie, ses alliés traînent des créateurs devant les tribunaux, accusés de « subversion ». Leur cible ? Une culture vivante, critique, qui échappe à leur contrôle. Leur obsession ? Une « Histoire pétrifiée », détournée pour servir leur récit nationaliste.
Leur rhétorique, qui dénonce un prétendu monopole « woke » ou « décadent », masque une réalité leur rejet de l’art, dans sa diversité et dans son mouvement. Leur culture n’est pas un bien commun, mais un outil de domination – un instrument pour exclure, plutôt qu’émanciper.
La culture est un droit. Elle permet de penser le monde, de le rêver autrement, de se construire en citoyen libre. Défendre L’arbre aux mille voix, ce n’est pas défendre cette oeuvre, à cette place, mais défendre la création, la subversion, c’est défendre les artistes. L’extrême droite n’aime pas l’art, d’où qu’il vienne : elle craint sa puissance. Celle de dire, de rassembler, de résister.
